En cinq lettres, le mot de Carbone ?
Vous, je ne sais pas, mais, moi, si.
J’ai été très intrigué, ces temps-ci, par le fait de découvrir qu’à Montereau, notre député-maire-ump, toujours à la pointe du Progrès, et toujours sacrifiant inlassablement à l’autel de la Nouveauté, allait nous faire implanter un puits à carbone.
Moi qui ne suis pas allé à l’école très longtemps, en apprenant cette nouvelle contribution municipale à la modernité galopante, je me suis demandé à quoi pouvait bien ressembler et surtout à quoi pouvait bien servir un puits à carbone.
Sans compter que dans mon jardin, pourrais-je moi aussi installer un puits à carbone, avec un petit treuil, une fausse abeille en porcelaine, et des nains en plastique autour ?
Peut-on s’asseoir sur la margelle d’un puits à carbone pour conter fleurette, comme on peut le faire avec n’importe quel autre honnête puits non-carbonique ?
Si je plonge un seau dans mon puits à carbone, pourrai-je le remonter sans trop de difficulté en tirant sur la corde ?
Est-il possible de lancer des petits cailloux dans un puits à carbone, afin d’en estimer la profondeur ?
Le réponse à ces questions existentielles est bien entendu venue de notre République de Seine et Marne, qui a révélé que finalement, un puits à carbone, c’était… une forêt !
Ah ! L’heureuse époque dans laquelle nous vivons ! Heureux temps où les triviales et désuètes forêts deviennent dorénavant de ronflants et médiatiques puits à carbone !
Je ne sais pas si vous avez imaginé les profonds changements qui vont découler de cette heureuse et indispensable transformation lexicale…
Moi, si ! (Mais en même temps, je suis là pour ça !)
Si la famille du Petit Poucet devait venir s’installer à Montereau, le papa, poussé par une extrême précarité, ne manquerait évidemment pas d’abandonner ses enfants dans le puits à carbone, et non plus dans la forêt, ce qui ravalerait sérieusement la façade du conte de Perrault !
Dorénavant, les dames d’une vertu plutôt petite feraient le pied de grue dans les allées du puits à carbone de Fontainebleau. (Ce qui donnerait d’ailleurs naissance à une nouvelle expression : « Bon, Marcel, faut qu’je fasse refroidir le moteur de mon 38 tonnes, et pendant c’temps-là, moi, j’irais bien au puits à carbone…)
Mais il y aurait encore mieux :
Au prochain festival Confluences, pourquoi ne pas inviter l’inoubliable interprète de « Viens, viens, c’est une prière, viens », « Ivan, Boris et moi », ou encore « Les vendanges de l’amour » ?
En lettres de feu, sur les affiches, s’étalerait le nom de Marie Lepuitsàcarbone !
Que la suite des événements vous soit propice et néanmoins faste !
Votre dévoue HOU
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On pourrait aller s’entraîner à la piscine du puits à carbone, à Fontainebleau…
Un puits de carbone pour moi, c’est une forêt à masse atomique: 12.011 dans notre paysage. Ou une piscine d’atome
Voir dictionnaire.
Ou un puits de dioxyde de carbone peut être.
Dans le calvados, ils ont des puits à carbone 14 ?
Je n’ai pas lu l’article de la République…
Pour le carbone que j’associe volontiers à l’oxyde, cela m’évoque plutôt l’INTOXICATION…
Or il semble avoir appris à l’école qu’une forêt est un lieu planté d’arbres producteurs d’oxygène, gaz associé généralement à la RESPIRATION… Ne va-t-on pas se promener en forêt pour cette raison là?
La forêt affublée d’un tel intitulé ne donne plus très envie d’aller y fourrer son nez!
Je partage entièrement cette analyse respiratoire !
Où est passé le beau petit bois du quartier des Rosiers, et bientôt celui des Rougeaux, ou on voit de plus en plus de petites maisons en carton remplaçer notre OXYGENE.
Les petits bois vont passer par du carbonne.
Oui, que de changements en perspective…
Victor Hugo (1802-1885)
Recueil : Les contemplations
« Aux arbres »
Arbres du puits à carbone, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.