Contribution directe
Mathieu PERCHEMINIER est originaire de Montereau.
Il est actuellement étudiant en Master – Politiques urbaines, à Lyon.
Il a réalisé, voici deux ans, un mémoire, dans le cadre de sa Maîtrise d’histoire contemporaine, mémoire consacré à l’histoire de la ZUP de Surville.
Ce travail universitaire a eu au moins deux effets notoires :
1) Lui rapporter une note de 18/20.
2) Enerver fortement notre député-maire-ump. (La partie consacrée à la politique répressive, l’abandon de la Prévention, à Surville, la portée toute relative de la Zone Franche n’a pas eu l’heur de plaire… On se demande bien pourquoi…)
On voit également par là que les Enseignants lyonnais ont bon goût !
Mathieu m’a proposé de nous communiquer ultérieurement quelques bonnes feuilles de sa thèse, et c’est bien volontiers que j’ai accédé à sa demande.
Aujourd’hui, il m’a proposé un texte très actuel, que je vous livre pas plus tard que maintenant !
A la fin de ce papier, une vraie question est posée.
Merci Mathieu !
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Si tu ne t’occupes pas de politique, la politique s’occupe de toi…
Par Mathieu Percheminier
« Agir de cette façon nous dégoûte, mais au fond, regarde bien,
c’est quand on casse qu’on nous écoute… »
Cette citation extraite d’un morceau de rap est symptomatique d’un certain état d’esprit régnant dans les quartiers. Pourtant, si tout le monde est bien conscient que la violence ne résout rien, force est de constater que, depuis plus de deux décennies, les jeunes des quartiers populaires n’ont été entendus que lorsque ont éclaté des émeutes. Et encore, entendus peut-être, mais pas écoutés. Car malgré les promesses, rien de ce qui a été entrepris n’a permis d’améliorer durablement la vie dans les quartiers.
Les échéances présidentielles qui arrivent sont l’occasion de changer la donne. Les habitants et notamment les jeunes peuvent et doivent faire valoir leur place dans la société. Pas question de baisser les bras devant les portes fermées. Ces portes, il faut les défoncer. Glisser un bulletin dans l’urne peut équivaloir à cela.
Les évènements de l’automne 2005 ont battu tous les records : nombre de voitures brûlées, montant des dégâts, etc. Mais aussi, phénomène notable, ils ont engendré une prise de conscience citoyenne dans les quartiers, un « sursaut civique ». L’appel solennel lancé par des personnalités médiatiques (Joey Starr, Lilian Thuram, Djamel Debbouzze…) aux jeunes des cités afin qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales a porté ses fruits, et par delà les attentes, c’est un véritable raz-de-marée citoyen qui a eu lieu dans les banlieues et quartiers de France.
« En 2002, on a fait l’erreur de ne pas aller voter et Le Pen s’est retrouvé au deuxième tour. On ne ratera pas la prochaine élection présidentielle… (1)»
Cela dit, cette hausse des inscriptions sur les listes électorales, qui ne devrait a priori qu’être considérée comme une formidable victoire de la démocratie et un espoir en provenance des quartiers populaires, ne semble pas réjouir tous les hommes politiques. Craignant un « déséquilibre des institutions » que pourrait provoquer un vote massif des jeunes des quartiers, Nicolas Sarkozy a en effet très vite réagi à l’appel des personnalités. Parfaitement conscient du fait qu’il est devenu, à grands coups d’insultes, d’attitudes méprisantes et provocantes, l’ « ennemi public n°1 » dans les cités, n’est-il pas plutôt effrayé par la perspective de voir ses scores électoraux diminuer, et ce même si les sondages l’annoncent toujours en tête… ?
Aujourd’hui, une question reste entière : la vague d’inscriptions se traduira-t-elle réellement par une participation importante dans les bureaux de vote des quartiers ? Ce point d’interrogation que nous posons est d’autant plus légitime si la représentation de la jeunesse des cités, des précaires ou des minorités dites « visibles » demeure telle qu’elle est depuis plusieurs années, c’est-à-dire quasi-inexistante. S’agira-t-il d’un essai transformé, ou d’un simple feu de paille provoqué par une émotion soudaine ?
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(1) Sofiane, étudiant de 20 ans résidant à Aulnay-sous-Bois, dans la cité des 3.000, in http://www.minorites.org/article.php?IDA=16857.
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En tout cas, à surville, on va se déplacer en force.
Déjà dimanche qui vient, et au deuxième tour.
Et après, on choisira un vrai député, et un vrai maire !
Et dans le parisien, hier, j?ai appris que c?était monsieur Sami Nair qui se va se présenter contre jégo.
Lui il pourra nous représenter à l?assemblée.
Oui, Sami Naïr est une pointure !
Prof à Sciences PO, Conseiller d’Etat, député européen, vrai écrivain…
Il a publié notamment en 1999 « L’immigration expliquée à ma fille… »
Un best-seller dans cette collection.
Mon plus grand souhait : que les oubliés de la République se perduadent vite qu’ils savent déjà faire de la politique aussi bien que les « vieux » militants ; qu’ils ne se sentent pas complexés et qu’ils s’imposent vite dans les rangs de ceux qui ont envie que ça change ; et que ceux qui forment ces rangs leur fassent vite la place à laquelle ils ont droit.
Mais qu’on ne s’y trompe pas !
Monsieur Naïr va avoir besoin de nous tous.
Il va avoir besoin du « terrain » pour faire émerger tout ce qui se passe, pour faire passer ses propositions de changement.
En tout cas, il sait déjà qu’il peut compter sur moi !
C’est déjà un lecteur assidu de ce blog !
Nicole,
Je suis d’accord à 100 000 % avec votre plus grand souhait.
Il faut que nos concitoyens ne soient plus considérés en tant qu’arabes de service, mais bien en tant que citoyens à part entière !
ha cela est vrai !
CITATION :
Certitude, servitude.
Jean Rostand
Carnet d’un biologiste
CITATION :
La vie elle-même est essentiellement appropriation, agression, assujettissement de ce qui est étranger et plus faible, oppression, dureté, imposition de ses propres forces, incorporation, et, tout au moins, exploitation.
Friedrich Nietzsche
Par-delà le bien et le mal