Passez-lui les bracelets !
Vous, je ne sais pas, mais moi, si.
Je trouve qu’en matière de communication, notre député-maire-ump nous propose décidément des concepts qui feraient passer « La force tranquille » de Jacques Séguéla pour une vulgaire idée à deux balles…
Ainsi, après la Jégomobile, cette lumineuse trouvaille de distribuer aux enfants des petits bracelets tressés sur lesquels on peut lire « J’kiffe Jégo ! », cette idée-là force un certain respect, car comme dirait l’autre « On se demande bien pourquoi personne n’y avait pensé avant lui, et surtout, comment faisait-on auparavant pour vivre sans… »
Mais, voyez ce que c’est, je trouve que ce concept mériterait un développement un peu plus conséquent. (C’est l’inévitable syndrome du « Bien, mais peut mieux faire… »)
Ainsi, à l’heure où notre tout-nouveau président prône le retour du vouvoiement à l’école, je crois qu’il faudrait revoir quelque peu en profondeur cette formule.
Pourquoi donc ne pas changer cette petite phrase en une maxime beaucoup plus académique, du genre : « Il faudrait que vous kiffassiez Jégo ! », ce qui aurait, pour nos chères têtes blondes, en plus d’un réel impact marketing, les avantages suivants :
- Utiliser le fameux vouvoiement de bon aloi.
- Remettre au goût du jour ce temps trop peu utilisé qu’est l’imparfait du subjonctif, temps trop méconnu, et qui redonnerait certainement et à n’en pas douter un inévitable vent d’espoir dans les cités.
- Rappeler que le verbe « kiffer » est un verbe transitif du 1er groupe, (Jégo étant simplement le C.O.D., » Je kiffe quoi ? Jégo. »), la preuve en étant sa conjugaison au présent de l’indicatif : je kiffe-e, tu kiffes-es, il, elle, on, l’enfant kiffe-e (nous y voilà, nous restons en plein dans l’argumentaire), nous kiffons-on, etc, etc…
Mais notre député-maire-ump pourrait également construire et enrichir un peu plus cette phrase en joignant au tout un adverbe plus ou moins approprié, du genre :
« Il faudrait que vous kiffassiez Jégo grave ! », (encore que ceci présente un réel risque, du fait de l’apposition de cet adjectif qualificatif employé comme adverbe juste à côté du patronyme du candidat… Méfiance…)
Ou bien, moins téméraire, finalement : « Il faudrait que vous kiffassiez Jégo à donf ! »
Au passage, je déconseille personnellement l’idée « Il faudrait que vous kiffassiez Jégo comme un ouf ! », car les oufs en question évoquent irrémédiablement l’asile, et je ne suis pas sûr que le droit du même nom devienne une valeur à la fois forte et sûre, dans les temps qui vont survenir…
Enfin, il ne restera plus qu’à décliner ce verbe, en l’utilisant sur tout le matériel électoral à venir, ce qui nous vaudra les affiches et les tracts électoraux à venir : « Kiffons Jégo ! », « Grand meeting de kiffage », « Toi aussi, fais comme moi : kiffe-le ! » ou encore « Vous aussi, vous le kiffez ? »
En tout cas, on voit par là que toute cette campagne promotionelle aura eu pour effet de remettre au goût du jour un certain engouement pour la culture, même s’il ne s’agit que de la culture du kif, comme on dit dans les montagnes marocaines du Rif, là où même les petits producteurs sont bien considérés.
Avec ou sans bracelet, d’ailleurs…
Que la suite des événements vous soit propice et néanmoins faste.
Votre dévoué HOU
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