Examinateurs précoces
Vous, je ne sais pas, mais moi, si.
En lisant le compte-rendu du dernier et monterelais conseil municipal, je me suis aperçu soudain que la mode était décidément au dépistage précoce.
En effet, on nous annonce en page 47 des feuilles locales de la République de Seine-et-Marne N°7271, en date du 9 juillet dernier (les amateurs de précision se régalent…) une « action de dépistage et de prévention des troubles du langage et de la motricité chez les enfants des crèches et des maternelles de la ville », avec embauche simultanée d’une psychomotricienne et d’une orthophoniste.
C’est bien. Mais pourquoi donc s’arrêter en si bon chemin ?
Pourquoi se cantonner aux seules crèches et aux seules maternelles ? Car enfin, il faut prévoir le cas où cette action ne fonctionnerait pas à plein rendement…
Ne pourrait-on pas dépister les troubles de nos chères têtes blondes encore plus précocément, ne pourrait-on pas faire de la prévention beaucoup plus tôt ?
Pourquoi donc ne pas dépister au tout départ, c’est à dire aller repérer les déviances in utéro, dans le ventre de la future maman, alors que la tête blonde en question ne l’est peut-être pas encore, blonde !
Et que l’on ne vienne pas me dire qu’il est impossible de déceler d’éventuels troubles du comportement chez un foetus. Il suffirait tout simplement que ce dernier fût confronté à la célèbre batterie de tests cognitifs les plus pointus et les plus fiables de la psychiatrie française, une batterie de tests que le monde entier nous envie. Quelque part.
En diffusant en boucle à la maman les oeuvres complètes de Doc Gynéco ou Nolwen Leroy, le foetus ne se met pas à battre la mesure en affichant un sourire niais ? Allez hop ! Signalement !
A l’écoute de la Marseillaise chantée par Mireille Mathieu, le foetus ne se met pas au garde-à-vous ? Allez zou ! Rendez-vous pour vingt-quatre séances chez la psychomotricienne !
Mais je vous entends d’ici, lecteurs-internautes dédidément de peu de foi. Et si tout ceci ne fonctionnait pas non plus, vous entends-je gravement vous questionner, et si tout ceci ne suffisait pas ?
Qu’à cela ne tienne, il suffirait de s’y prendre encore plus tôt, dans la chaîne de la vie de chaque embryon.
Il suffirait de prévenir les risques dès la conception même du bébé.
En embauchant des techniciens hautement spécialisés, on vérifierait que la lumière est suffisament tamisée, que l’alcool ne coule pas trop à flot, que les seules vapeurs et fumées dans la chambre soient celles de bâtonnets d’encens, on s’assurerait que le kamasutra n’est pas trop mis à rude épreuve, que sais-je encore…
De plus, avec la multiplication prochaine quasi certaine des systèmes de surveillance électronique, il est permis d’envisager que dans le dossier de chaque enfant, en plus des échographies et de la vidéo de l’accouchement tournée par le papa, on trouve dorénavant en bonne place le film de la conception.
Et bien sûr, avec le développement concomitant de ce dépistage précoce, des télévisions câblées et de l’économie de marché, quelque chose me dit qu’on pourrait en tirer un peu d’argent.
Que la suite des événements vous soit propice et néanmoins faste.
Votre dévoué HOU
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