Surville : retour vers le futur (3)

Avant-post !

Enfin ! On l’attendait avec impatience !

Voici le site internet de la compagnie théâtrale monterelaise « Scènes en Seine« . C’est tout chaud !

L’équipe, les spectacles, l’actualité de la compagnie, l’action artistique, les photos, c’est ici, en cliquant sur le logo de la troupe.

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Personne ne pourra dire : on ne savait pas !

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081125073120390112798529 dans Vie localeous retrouvons aujourd’hui le travail de Mathieu PERCHEMINIER, consacré à l’histoire de la ZUP de Surville. Voici le deuxième épisode, dans son intégralité.

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Faire de Montereau une capitale régionale : la politique des « 4 M »

(épisode 2)

Dans l’optique de rééquilibrer la région parisienne, les pouvoirs publics entreprennent de ranimer la zone extérieure de l’agglomération parisienne, les « franges » de la région, en désignant un certain nombre de villes aptes à accueillir emplois et populations. La Seine-et-Marne demeure, à cette époque, un département rural, en retrait des dynamiques de développement de la petite couronne, et, par conséquent, une zone privilégiée de développement. Les « 3 M » (Montereau, Meaux, Melun), Coulommiers, Provins, Fontainebleau, Nemours, Lagny, Gretz,… sont autant de zones susceptibles de servir de support au desserrement de la capitale. Dans un article de la Marseillaise, le préfet de Seine-et-Marne, Germain Vidal, évoque les constructions de logements en cours et projetées dans le département :

 « Il est prévu que les agglomérations de Melun, Meaux et Montereau doivent atteindre 50.000 habitants environ» [1].

 Le SARP [2] s’est en effet attelé à l’élaboration d’un Plan d’Aménagement et d’Organisation Générale (PADOG) de la région parisienne. En 1960, il promeut la politique des « villes-satellites », ou politique des « 4 M », les quatre villes-satellites désignées étant Mantes-la-Jolie, Meaux, Melun, et Montereau. L’objectif est d’en faire l’équivalent des « new towns » autour de Londres en doublant leur population.

Les rédacteurs du PADOG insistent sur l’indispensable simultanéité entre apport de population et création d’emplois. L’un sans l’autre serait en effet très dommageable…

Les 70 kilomètres qui séparent Montereau de la capitale ne semblent pas constituer un obstacle au développement de la ville. Si l’on souhaite y transférer les activités les plus nuisantes de l’agglomération, cette distance peut effectivement être considérée comme la bonne…

C’est l’arrêté ministériel du 03/08/1959 qui décide la création d’une ZUP de 6.600 logements qui devra être réalisée en une décennie :

 « Il est particulièrement souhaitable que la réalisation du Grand Montereau soit menée à bien en 10 ans » [3].

 La municipalité, dirigée par le Roger Pezout depuis 1959, est emballée par le projet qui semble assurer un développement important à la ville en peu de temps, de façon rationalisée, et vante ses atouts :

 « Cette réalisation qui sera un parfait exemple d’urbanisme opérationnel (…) ne semble devoir être également un heureux exemple d’aménagement du territoire, tant à l’échelle du département, puisque Montereau sera un centre d’expansion important pour tout le sud-est de la Seine et Marne, qu’à l’échelle de la région parisienne et du pays, puisque cette ville satellite idéalement située, à 75 kilomètres de Paris, présente toutes les ressources nécessaires pour la déconcentration de la capitale » [4].

On parlait à l’époque de « Grand Montereau » !

L’OPHLM, créé en 1949, devait jouer un rôle primordial dans l’expansion monterelaise. Les injonctions étatiques en terme de développement sont largement approuvées par les édiles locaux. Mais quoi qu’ils en pensent, ils ne semblent pas avoir le choix. C’est en tout cas l’avis d’Alain Peyrefitte qui affirme qu’ « en 1957, l’administration centrale décidait que le développement urbain de la Seine-et-Marne s’effectuerait dans les 3 M [mais qu'] on avait demandé l’avis d’aucun Monterelais » [5]

Les pouvoirs publics mettent en avant le caractère nécessairement rationnel et clairement organisé que doit prendre l’urbanisation dans les zones désignées.

 « C’est le but que poursuit depuis un an la Société pour l’Equipement de la Seine et Marne. Cet organisme rend possible la création de grands ensembles : ceux de Montereau et de Meaux, dont la réalisation doit s’échelonner entre 1959 et 1966 [...] L’ampleur et la rapidité des acquisitions foncières empêcheront la spéculation : la voirie et les réseaux divers pourront être conçus sur un plan d’ensemble » [6].

En effet, l’expansion des « 4 M » passe avant tout par la création d’un grand ensemble dans chacune des villes. On assiste à cette époque à la naissance de quartiers d’une nouvelle génération : les ZUP (Zones à Urbaniser en Priorité). Le décret du 31 décembre 1958 place sous l’autorité du préfet et des services de l’Etat le choix et l’achat des terrains à urbaniser, la localisation des groupes de plus de 100 logements et la programmation des équipements. Ainsi, les ZUP participent directement de la captation technocratique étatique en matière d’urbanisme et d’équipements. Par organismes interposés, l’Etat prend en charge la construction de logements.

 Les ZUP marquent une rupture nette avec les grands ensembles « première génération » de par leur localisation, plus lointaine vis-à-vis du centre ville ou de la ville centre de l’agglomération, et leur architecture. L’exemple de Surville à Montereau est édifiant : très excentré, ce quartier est situé à 3 kilomètres du centre ville, séparé de celui-ci par le confluent et le dénivelé de 60 mètres du plateau.

 A Montereau, le quartier de Surville est inscrit en ZUP suite à la demande officielle exprimée par le conseil municipal le 20/02/1959 [7]. Ce n’est pas pour autant à cette date seulement que la question d’un grand ensemble se profilait. En effet, dès 1954, la municipalité dirigée par André Thomas avait déjà entrepris la procédure. C’est le 11/07/1956 qu’est voté l’avant projet d’urbanisme partiel de Montereau-Nord, et le plan d’aménagement du plateau de Surville est adopté à l’unanimité, après diverses questions concernant l’installation de commerces, d’activités et d’une Zone Industrielle.

L’acquisition des terrains peut alors commencer. Le 04/09/1956, le terrain situé au lieu-dit « Les Chesnois » est acheté par la commune en vue de le rétrocéder à l’OPHLM.

Les frères Arsène-Henry, architectes, se voient confier une étude afin de réaliser le plan masse de l’aménagement du plateau de Surville et des Ormeaux le 29/01/1957, plan qui sera présenté une année et demi plus tard, le 12/09/1958.

Le lendemain, « le conseil décide de confier à la SESM l’étude et la réalisation de l’équipement des terrains pour construire des locaux d’habitation, aménagement de la zone industrielle, rénovation d’îlots défectueux et insalubres » [8].

Pendant que la France toute entière voit fleurir les chantiers à la périphérie de ses villes, à Montereau, le processus menant à l’édification de la ZUP de Surville, lié à la politique des villes-satellites, est irrémédiablement lancé.

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[1] Germain Vidal dans La Marseillaise, 10/07/1959

[2] SARP : Service d’Aménagement de la Région Parisienne.

[3] Ville de Montereau-fault-Yonne, Equipement et aménagement général de la ville, mars 1962, AZ 9206, p.5.

[4]  Ville de Montereau-fault-Yonne, Equipement et aménagement général de la ville, mars 1962, AZ 9206, p.5.

[5] Alain Peyrefitte, Le mal français, Plon, Paris, 1976.

[6] Jean Lobry, Construction et urbanisme dans la région parisienne, Commissaire à la Construction et à l’Urbanisme pour la région parisienne, Paris, 1958, p.338.

[7] Registre des délibérations du conseil municipal, dossier urbanisme n°18/ZUP de Surville, p.2.

[8] Registre des délibérations du conseil municipal, dossier urbanisme n°18/ZUP de Surville, p.1.

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Mathieu PERCHEMINIER

Chargé de mission en développement social

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A suivre !

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8 commentaires

  1. Jacques dit :

    On a du mal à imaginer le plateau sans rien !

  2. Anonyme dit :

    Il n’y avait pas exactement rien.
    Il y avait les Ormeaux et des champs.

  3. mamijo dit :

    Anonyme a raison : le château de Surville certes manquait d’entretien mais alentours des champs, des jardins, le « hameau » des Ormeaux avec son lavoir, des maisons toutes occupées, des propriétés plus cossues, des familles très attachées à leur quartier et qui y résidaient depuis fort longtemps, une fête foraine annuelle, très fréquentée, une ferme, bref ….un quartier où tout le monde se connaissait, où, chaque matin de l’année scolaire, les enfants se regroupaient pour « descendre » à pied à l’école, pour revenir le soir, toujours à pied. Parlez-en avec des « anciens » des Ormeaux, vous verrez ce qu’ils vous en disent !

  4. Alain dit :

    Ce qui est frappant, sur la photo, et ça note une sacrée évolution, c’est le grand nombre de péniches sur la Seine.

  5. Billoute dit :

    Mathieu,

    On raconte parfois que Surville a été construite à Montereau, parce que Peyrefitte ne voulait pas d’un grand ensemble à Provins.

    C’est vrai ou c’est une légende ?

  6. Mathieu dit :

    Cher Billoute,

    Je ne peux pas répondre à cette question, car en vérité je n’en sais rien et je ne voudrais pas dire de mensonge, car certains (une personne en particulier) s’empresseraient de me qualifier de malhonnête, partiel et partial…

    Tout ce que je sais, c’est que malgré tout, Provins a accueilli un « petit grand ensemble », le quartier des Champbenoist (3500 habs environ), qui est classé Zone de Redynamisation Urbaine, et qui est confronté aux problématiques des cités (chômage de masse notamment chez les jeunes,…). C’est certes loin des 4000 logements et 11000 habitants de Surville, mais c’est tout de même un quartier comparable sous certains aspects (dominante de logements sociaux collectifs, urbanisme de cité,…).
    Donc si Peyrefitte s’était réellement opposé à la construction d’un grand ensemble, les Champbenoist n’auraient peut être pas été construits ? Et encore fallait-il qu’il puisse s’opposer aux décisions de l’Etat (fût-il dirigé par des élus du même bord politique que lui), qui décidait souvent sans l’aval des communes concernées.

    En tout cas, c’est vrai qu’on dit souvent que Peyrefitte se réjouissait du fait que Surville se trouve à Montereau et non à Provins, et qu’il voyait « Montereau la rouge » d’un mauvais oeil…

    Peut être que des personnes plus « anciennes » ayant vécu à cette période pourraient te renseigner ?

  7. Billoute dit :

    Merci pour ces précisions !
    A la semaine prochaine pour l’épisode suivant !

  8. JM MUYL dit :

    Peyrefitte était un parachuté (il raconte cela d’une manière savoureuse dans « le mal français ») ; il a été élu député en 1958, et maire de Provins en 1965. Il était de toutes façons trop tard pour lui pour pouvoir avoir une influence sur la construction de Surville. Le coup était parti.
    La cinquième république, en lançant le programme des villes nouvelles, a interrompu la croissance de Surville. Elle a aussi privé Montereau des emplois promis.

    Je connais de vieux survillois, fidèles flambergiens, qui pourraient raconter quels étaient les rapports entre le député maire de Provins et les Monterelais (en général) et les Survillois (en particulier). Il y eut quelques réunions de quartier et quelques visites d’écoles assez sportives. Il y avait à l’époque un tissu associatif, syndical, politique important à Surville, qui s’est délité depuis.

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