Surville : retour vers le futur (12)
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ne dépêche de l’agence Associated Press tombée aujourd’hui à 14h46:
SOCIAL – GUADELOUPE – SARKOZY – AP – 13/02/2009 14:46:39
Outre-mer: Sarkozy tente de gagner du temps
Nicolas Sarkozy tente de gagner du temps face à la crise sociale aux Antilles. Sortant de son silence sur la grève générale en Guadeloupe, le chef de l’Etat a annoncé vendredi la création d’un « conseil interministériel de l’outre-mer », sans faire aucune proposition nouvelle aux grévistes.
M. Sarkozy n’avait pas prononcé un mot sur l’outre-mer dans son intervention télévisée du 5 février. Alors que la crise s’étend désormais à la Martinique et que la contagion gagne les autres départements d’outre-mer, le chef de l’Etat est sorti de son silence lors du Conseil des ministres.
Mais il n’a annoncé aucune mesure nouvelle allant au-delà de la plate-forme négociée sur place par le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo . Le Premier ministre François Fillon a opposé lundi une fin de non-recevoir aux demandes du patronat guadeloupéen d’un allègement des charges des entreprises, rendant impossible la mise en oeuvre du pré-accord conclu la semaine dernière entre le patronat, les collectivités locales et le collectif représentant les grévistes.
Ce pré-accord prévoyait une augmentation de 200 euros pour les salariés percevant jusqu’à 1,6 fois le SMIC. Le collectif LKP a suspendu les négociations jeudi, exigeant que l’Etat s’engage dans le pré-accord. Mais le gouvernement renvoie la balle sur le patronat.
« Méfions-nous des fausses-bonnes idées de court terme pour sortir du conflit qui, en réalité, ne feront que compromettre l’avenir de ces territoires », a dit Nicolas Sarkozy dans une allusion aux revendications salariales.
Le chef de l’Etat s’est seulement engagé à ce que la question d’une meilleure répartition des richesses, qui « concerne la France entière », soit abordée lors de son rendez-vous du 18 février avec les partenaires sociaux. « Il ne peut y avoir une société à deux vitesses où une catégorie sociale progresse alors qu’une autre stagnerait et resterait dépendante des prestations sociales », a-t-il dit.
Plutôt que des hausses de salaires, M. Sarkozy a réaffirmé son ambition « d’assurer un développement endogène » de l’outre-mer, « seule façon de générer des emplois durables et de faire diminuer le chômage ».
Le chef de l’Etat a rapidement remercié Yves Jégo , décrédibilisé sur place et flanqué depuis cette semaine de deux médiateurs chargés de rechercher une solution à la crise.
Mais il a estimé que « l’avenir des collectivités ultramarines n’est pas l’affaire du seul ministre en charge de l’outre-mer ». « Chaque membre du gouvernement doit se sentir concerné et doit s’y impliquer personnellement », a-t-il sermonné.
Le chef de l’Etat a donc annoncé la mise en place « sans délai » d’un conseil interministériel. Le conseil, promesse de sa campagne présidentielle en 2007, « se réunira dans les prochains mois pour faire des propositions sur la rénovation de la politique menée par l’Etat en outre-mer ». Une forme de désaveu pour M. Jégo .
Ce dernier, rentré des Antilles spécialement pour le Conseil des ministres, n’a pas prévu de repartir en Guadeloupe pour l’instant, selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel. Interrogé à l’issue du conseil, Yves Jégo a répondu qu’il y retournerait si nécessaire.
Dans un entretien au « Monde », M. Jégo affirme n’avoir « jamais fait de promesses sur les salaires » lors de ses négociations avec le collectif LKP. Il confirme que le projet de loi sur le développement de l’outre-mer sera examiné à partir du 10 mars le Parlement.
Ce discours risque fort de ne pas empêcher une contagion de la crise aux autres régions d’outre-mer. Dans un entretien publié vendredi par « Le Parisien », la Première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry craint même une « propagation » en métropole de la crise sociale antillaise.
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Avant Post !
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Surville : retour vers le futur (12)
… Non, ce sigle ne désigne pas une maladie…
Mathieu Percheminier nous explique ce que désignent ces trois lettres qui vont avoir une certaine importance, pour ne pas dire une importance certaine à Montereau.
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La mise en place chaotique de la procédure HVS à Surville
(épisode 11)
Les années 1970 ont vu les grands ensembles français se dégrader rapidement. La prise de conscience de cet état de fait culmine à l’occasion du colloque de Dourdan (1972-73) portant sur le développement de la vie sociale dans les grands ensembles.
L’association « Habitat et Vie Sociale » est créée en 1973. Des séminaires de réflexion, intitulés également « Habitat et Vie Sociale » (HVS), sont organisés à l’initiative de Robert Lion (directeur de la construction) et Lenoir (directeur de l’action sociale) dans plusieurs villes françaises (Marseille, Arras, Saint-Etienne,…).
L’institutionnalisation de ce groupe intervient en mars 1977. Il s’est doté des moyens nécessaires à son action. On se rend rapidement compte que l’ampleur des dysfonctionnements dans les cités est immense, et il s’agit dorénavant d’appréhender le problème d’un point de vue global. C’est ainsi qu’est élaborée une méthode de travail et mise au point une procédure de réhabilitation physique et sociale des grands ensembles dont les finalités s’avèrent assez proches de celles des Model Cities élaborées dans la dynamique de l’Affirmative Action formalisée par le président Johnson en 1964 aux Etats-Unis.
Le début des années 1980 est l’époque où les lois de décentralisation organisent en blocs de compétence les responsabilités des différentes collectivités territoriales. Ces lois « préfigurent et dessinent les contours d’une nouvelle politique contractuelle, qui vaudra non seulement pour la politique de la ville mais aussi pour l’ensemble des secteurs de l’action publique »1.
HVS, qui précède ces lois (mais qui constitue une première étape dans ce processus), est un mélange hybride de centralisation étatique et décentralisation : on rappelle aux municipalités qu’elles sont pleinement responsables, mais parallèlement, on retire la gestion des crédits aux régions, et l’Etat, par manque de confiance, évince les conseils généraux et les élus. On commence tout de même à parler de partenariat, de politique contractuelle. De nouvelles techniques de participation sont expérimentées : mobilisation des associations, des bénévoles et professionnels du social. Ce qu’on appellera plus tard « développement social » se profile de façon expérimentale.
La procédure HVS retient les grands ensembles HLM les plus dégradés. S’attaquant de manière globale aux dysfonctionnements, elle se décline de façon similaire dans les différents secteurs retenus :
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traitement des abords des immeubles,
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amélioration des façades.
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intégration d’équipements adaptés, mais qui ne doivent plus être conçus uniquement à l’échelle du quartier, mais de la ville dans son ensemble afin de favoriser les échanges sociaux.
La municipalité monterelaise a vécu quelques péripéties avant de voir le quartier de Surville accepté dans le dispositif HVS. C’est en 1975 qu’a débuté cette « aventure », pendant la préparation du VIIème Plan : une circulaire émanant de la DDE parvient à la mairie de cette ville, demandant des renseignements sur la ZUP. En réponse, un rapport est envoyé l’année suivante.
Lors de l’officialisation du groupe interministériel HVS, les édiles monterelais sollicitent officiellement l’inscription de Surville parmi les 50 opérations envisagées. Cette demande est tout d’abord refusée. Parallèlement, l’OPHLM a lancé en novembre 1977 une petite étude sectorielle à Surville, afin de mieux appréhender les possibilités d’intervention sur ce quartier. C’est précisément à cette époque que la situation se débloque pour Montereau qui voit finalement sa ZUP acceptée pour bénéficier de la procédure. L’élaboration d’un pré-dossier est alors confiée à un bureau d’étude en sociologie urbaine (ORGECO), qui est remis au printemps 1978 et approuvé plusieurs mois après (précisément le 10/10/1978), suite à la réception des responsables d’Habitat et Vie Sociale par la municipalité le 5 avril 1978 pour lui faire part de ses propositions : humanisation de la ZUP, aménagement du fond des Rougeaux, développement des équipements publics, lancement de la deuxième zone industrielle.
Conscients d’avoir hérité d’une situation difficile dont ils ne sont pas responsables, les édiles locaux ne manquent jamais une occasion de rappeler publiquement que l’Etat doit assumer.
HVS semble représenter un ballon d’oxygène sur lequel comptent énormément les élus locaux, José Alvarez en premier lieu, dont les portraits qu’il dresse du quartier de Surville sont alarmistes, pour inciter peut-être les pouvoirs publics à s’intéresser à Montereau :
« Le résultat de cette politique désastreuse est bien connu : grave déséquilibre habitat-emploi -perçu dès 1970- faisant que Montereau est frappé de plein fouet par la crise économique, et ZUP inachevée, mutilée dans laquelle les logements dépassant dix ans d’âge se détériorent, absence ou insuffisance d’équipements commerciaux, culturels, sociaux, d’espaces verts, de détente, de loisirs,… (…) En conséquence, nous souhaitons que le dossier appréhende avec responsabilité l’ensemble des questions permettant d’humaniser la ZUP car nous voulons que, vite, on vive moins mal à Surville et que soient créées les conditions pour y bien vivre dans l’avenir »2.
Cette opération représente effectivement une « aubaine », dans une période où les finances locales sont au plus mal. Ce n’est qu’en septembre 1979 qu’est donné l’ordre de relancer ce dossier, alors que le 22 janvier de la même année, le Préfet de Seine-et-Marne informait que le comité directeur du groupe interministériel avait approuvé le pré-dossier. En février 1979, Marius Doriot, responsable de la commission « environnement et cadre de vie » relate les démarches entreprises par la Ville afin de s’octroyer les subventions des différents partenaires : Etat, CAF, Comité Interdépartemental du Logement, Commission Nationale du Logement des Immigrés, DDASS,… et fait part des espérances placées par la municipalité dans cette opération :
« Nous espérons que, comme ceci a été possible à Poissy, au Mans, à Vaulx-en-Velin et récemment à Meaux, il sera possible d’obtenir sur le cadre bâti, sur les équipements et aussi sur les espaces extérieurs des montages financiers acceptables pour tous. Nous plaidons une juste cause, Montereau ne doit pas toujours être la laissée pour compte du département »3.
La véritable étude débute donc en octobre 1979, mais doit être rendue à la fin de ce mois (elle est approuvée le 19/10/1979 par le conseil municipal) ! Le délai est évidemment trop court, mais elle parvient à prouver que les 33 millions de francs initialement pressentis pour l’ensemble des travaux à mener à Surville sont nettement insuffisants. Un délai supplémentaire est donc obtenu afin de mener une étude plus approfondie : le dossier définitif est rendu en mai 1980 après l’examen du conseil municipal le 24/06/1980, et accepté après quelques modifications. Ce sont finalement 103 millions de francs qui seront alloués pour HVS à Surville.
Entre les premières prises de contact au sujet d’HVS et l’approbation définitive du dossier, 5 ans se sont écoulés…Un dernier obstacle vient encore se dresser : le conventionnement obligatoire auquel la municipalité de Montereau s’oppose fermement, position qu’elle exprime officiellement le 05/12/1980, et qu’elle expose publiquement aux Monterelais par le biais d’une édition spéciale de bulletin municipal paru en janvier 1981, rappelant que 95% du patrimoine HLM français a refusé le conventionnement et ses conséquences (augmentation considérable des loyers qu’est sensée compenser l’APL).
Ce bulletin municipal appelle à une mobilisation générale de la population (« Aidez-nous à obtenir des subventions pour que Surville devienne une cité vivable !») lors d’une manifestation organisée à Surville le jeudi 22 janvier 1981. Le Conseil d’Administration de l’OPHLM et les associations se sont d’ores et déjà prononcés contre le conventionnement, le Conseil Général également lors de sa séance du 15 décembre 1980. Une commission interministérielle réunie le 30 juillet 1981 accepte finalement le dossier HVS – Surville sans conventionnement préalable.
On remarque lors de cet épisode une caractéristique chronique du pouvoir central, giscardien en l’occurrence : cette manie de procéder par chantage afin de faire passer ses réformes. On se rappelle du plan de redressement de la ZUP… Ici, les crédits auraient été débloqués seulement si la municipalité avait accepté ce conventionnement. Au final, c’est l’élection de François Mitterrand en mai 1981 qui permet à l’opération HVS d’être engagée sans encombre, au soulagement perceptible de la municipalité :
« Un nouveau Président de la République, une nouvelle majorité à l’assemblée Nationale, ainsi en a décidé démocratiquement notre peuple. Les Monterelais aux prises avec d’énormes difficultés se sont massivement exprimés pour l’accession de la Gauche aux destinées du pays (…) Enfin, et surtout, l’humanisation de Surville va démarrer, sans contrainte du conventionnement comme l’exigeait l’ancien gouvernement »4.
Pierre Mauroy et José Alvarez lors de la signature du contrat de solidarité le 7 janvier 1982
L’opération HVS doit s’attaquer de front aussi bien aux malfaçons architecturales, aux carences urbanistiques, qu’au volet social. Si, comme on peut le lire, Surville présente en 1978 les caractéristiques habituelles des grands ensembles, jeunesse de sa population (46,5 %), taille des familles plus élevée que la moyenne (3,6 personnes), population majoritairement ouvrière (48 % des chefs de famille), il a des spécificités qu’il faut prendre en compte : une grande pauvreté, avec un revenu par ménage extrêmement bas (2.696 francs par mois globalement, et en particulier, selon l’activité du mari, l’examen dégage un revenu mensuel moyen de 2.162 francs par mois lorsqu’il a un emploi et 1544 francs lorsqu’il est chômeur5). En 1978, la population étrangère représente 27 % de la population totale du quartier, dont 27 % de Portugais, 25 % d’Algériens, 16 % d’Espagnols. La taille moyenne de leurs familles s’élève à 5,3 personnes par ménage : les enfants sont extrêmement nombreux, de l’ordre de 5.000 dont plus de 3.000 de moins de 14 ans. Ils représentent donc une catégorie dont les besoins doivent être évalués prioritairement.
Ce quartier connaît également un « sous-équipement relatif à tout ce qui constitue l’armature indispensable à une vie urbaine et sociale »6 notamment en matière d’accueils des enfants et adolescents qui constituent la majorité de sa population, et dans tout ce qu’implique normalement la présence de 13.000 habitants.
« Il apparaît que le manque d’équipements socio-sanitaires et culturels, de loisirs, de détente, l’absence d’une armature commerciale suffisante, l’absence d’une animation transforment Surville en un lieu d’attente et de résignation »7.
Le diagnostic préalable fait ressortir que le souci principal concerne l’emploi. Les habitants se plaignent de l’absence d’humanité de l’architecture (notamment la hauteur excessive des bâtiments), d’un cadre physique et humain resserré, oppressant. On réclame de la couleur, des espaces verts, de repos et de sociabilité.
Inscription sur les terrasses d’Alembert à Surville8
Selon le plan masse initial de la ZUP conçu par les frères Arsène-Henry, le centre de gravité et d’animation était prévu aux terrasses d’Alembert, qui, suite à l’arrêt des constructions, constituent la frange Ouest du quartier.
Les liaisons de Surville avec la ville basse et l’extérieur en général sont défectueuses ou insuffisantes (notamment les dimanches et jours fériés, le matin et le soir). Les habitants en sont bien conscients. Ils perçoivent clairement un clivage entre le haut et le bas. Certains lieux importants de la ZUP ne sont même pas desservis par les transports en commun, comme le CES Paul Eluard et la piscine ! Le sentiment de dépendance de la ville haute vers la ville basse engendre des frustrations grandissantes. La population de la ville basse est perçue comme plus riche, refusant tout contact et échange avec celle de Surville qui est persuadée que la qualité de vie y est bien meilleure. On assiste donc à l’apparition de préjugés réciproques entre les deux parties de Montereau.
En bref, Surville est une cité caractérisée par des carences chroniques, des défauts multiples. La tâche à accomplir s’avère donc extrêmement lourde et complexe afin que les gens prennent plaisir à y habiter, se l’approprient véritablement. L’évolution démographique de la ville de Montereau entre 1975 et 1982 est un témoin précieux de la santé de la ville, intimement liée à celle de sa ZUP : entre ces deux dates, 2.155 habitants l’ont quittée (soit un solde migratoire de – 2,64 %). Le solde naturel n’est pas en mesure de contrecarrer cette évolution : on a compté 2.913 naissances pour 1.244 décès, soit un taux de croissance de 1,15%9.
La municipalité est bien consciente que l’opération HVS n’est pas en mesure de régler l’ensemble des problèmes de la ville ; elle peut néanmoins y contribuer de façon non négligeable. Elle se situe 17 ans seulement après le début de la construction du quartier : c’est très peu en matière d’urbanisme pour s’attaquer à des actions de réhabilitation, prouvant l’obsolescence particulièrement précoce des matériaux employés.
Les investigations complexes mais nécessaires afin de contrecarrer ce constat accablant ont engendré la constitution d’un groupe de travail composé d’élus, de responsables municipaux, de représentants de l’OPHLM, de membres d’associations, de travailleurs sociaux, d’habitants. Pas moins de dix commissions ont été créées, chacune affectée à un domaine spécifique : le cadre bâti, la circulation, la propreté, l’emploi, les dimensions commerciales et artisanales, les écoles, les espaces extérieurs, les équipements, la jeunesse, les femmes.
On envisage de faire porter les actions principales dans sept domaines : le cadre bâti (isolation thermique, phonique, chauffage; restructuration des logements, ravalement des façades, réhabilitation des cages d’escaliers et halls d’entrée, étanchéité des dalles, aménagement de locaux supports d’activités), les espaces extérieurs (entretenir ce qui existe et restructurer les espaces libres, doter la ZUP d’un schéma général d’aménagement paysager, revoir les plans de circulation, améliorer les liaisons internes et externes de la ZUP), les équipements socio-sanitaires (les regrouper en un lieu central unique, connu et attractif afin de faciliter les démarches des habitants, doter ce centre des moyens nécessaires pour un bon fonctionnement, créer les services manquants), les équipements culturels et de loisir (aménager des locaux, développer les équipements à vocation de détente comme les jeux pour enfants), les équipements autour de l’école (construire un centre de loisirs, mettre en place des structures préventives de santé déficientes à Surville, créer des postes), les commerces et l’artisanat, l’emploi.
Le dossier définitif HVS a été achevé en 1980. Il a sélectionné les actions proposées dans le pré dossier en fonction des priorités et des possibilités financières ; il représente donc le fondement même de la phase active d’Habitat et Vie Sociale. Les actions à mener portent sur un périmètre comprenant la ZUP, la cité d’urgence et le lotissement des Castors, c’est-à-dire 13.150 habitants, soit 64 % de la population totale de Montereau qui en compte alors 20.580. (Dans la ZUP elle-même, on dénombre 12.740 personnes).
A Montereau, qui compte dans la catégorie des villes où, en 1982, plus de 54 % des logements ont été construits entre 1948 et 197410, l’essentiel des logements est patrimoine de l’OPHLM (3.387 logements), auxquels il faut rajouter trois ensembles sur lesquels portent l’opération et compris dans le périmètre ZUP : 64 logements en accession de la SCIC, 338 logements locatifs de la SISM, 60 logements en accession de la Baticoop. C’est au premier organisme que revient la responsabilité de tout ce qui concerne le « cadre bâti », c’est-à-dire la finition et l’amélioration des immeubles et de leurs abords. Le contenu, la localisation et les dates de programmation des propositions touchant au cadre bâti ont été élaborés par l’OPHLM de Montereau et ses services techniques.
Les réhabilitations de bâtiments s’avèrent urgentes dans nombre de cas, au niveau de l’isolation thermique notamment et des façades : « Les façades ne sont pas étanches », « Les façades des bâtiments sont dégradées et l’ensemble s’apparente à des cités de transit »11,…
Les travaux d’isolation thermique nécessaires à Surville.
La dégradation physique du quartier apparaît très avancée au regard du nombre et de la nature des interventions liées au cadre bâti que prévoit HVS. Elle accentue d’ailleurs le malaise social, en est à la fois une cause et une conséquence. L’absence de remise en état des logements et la non réalisation des travaux indispensables ont engendré des phénomènes de condensation, de noircissement des murs. Les papiers se décollent, les grilles de ventilation sont bouchées, les menuiseries vieillissent mal. La honte que ressentent nombre de locataires vis-à-vis de leur lieu d’habitation découle de sa laideur apparente. Le réaménagement des entrées d’immeubles, halls et cages d’escaliers est également du ressort d’HVS. Il s’agit essentiellement de changer les boites aux lettres abîmées, de refaire les peintures, remplacer les cabines d’ascenseurs… Le mauvais état de ces parties communes paraît mettre en cause les pratiques des habitants, mais ne font finalement que renforcer les défauts techniques dus à plusieurs éléments :
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les conditions de production des logements
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les défauts de conception du cadre bâti (halls d’entrée mal conçus, parties communes étroites,…)
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les conditions d’entretien des immeubles rarement pris en compte lors de leur construction.
Outre ces interventions touchant directement les bâtiments, le réseau de chauffage (réalisé en 1965) doit être reconstruit partiellement. Des défaillances sont relevées avenue Laënnec, rue Descartes,… et doivent être corrigées en créant de nouveaux caniveaux, par la pose de canalisations neuves calorifugées.
L’importance du taux de vacance du parc HLM de Surville a par ailleurs poussé les analystes HVS à s’intéresser de plus près à ce constat. Il s’avère que la plupart des logements vacants sont des 4 pièces, largement dominants dans cette ZUP. Pourtant, malgré cette inoccupation, il existe une demande conséquente en petits et grands logements (6 ou 7 pièces). La décision d’adapter les logements existants aux besoins exprimés par la population a donc rapidement été prise, tout en prenant garde de bien les disperser afin d’assurer une meilleure répartition des familles nombreuses dans la ZUP et favoriser un desserrement d’autres ménages trop à l’étroit.
Une intervention sur la cité des Sablons (cité d’urgence) située à l’Ouest des terrasses d’Alembert est programmée. Ce sous-quartier est constitué de petits pavillons individuels de construction légère (LPN) réalisés en 1955. De nombreuses malfaçons y sont à déplorer : fuites dans les toitures, installations électriques vétustes, dégradations diverses… La situation socio-économique extrêmement modeste des locataires liée à la marginalisation de certaines familles a engendré une augmentation importante du nombre d’impayés.
Le volet ayant trait au logement est donc très lourd. Presque toutes les unités d’habitations survilloises doivent subir d’une manière ou d’une autre l’intervention d’HVS. Bien que particulière par sa prééminence, cette intervention était prévisible, et la plupart des grands ensembles français ont eu recours à une rénovation précoce (même si Surville faisait partie des quartiers les plus dégradés, c’est indéniable). Malgré cela, nous verrons que la procédure HVS n’a pas pu remplir tous les objectifs affichés. Les problématiques fondamentales n’ont pas été réellement traitées. L’expression du « verre à moitié plein ou à moitié vide » caractérise bien l’opération…
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1 Antoine Anderson et Hervé Vieillard-Baron, La politique de la ville ; histoire et organisation, Editions ASH, Paris, 2003, p.111.
2 José Alvarez in Délibérations du conseil municipal, Procédure HVS, pré-dossier, 10/10/1978, p.119
3 Ville de Montereau, Bulletin municipal, Marius Doriot (adjoint responsable de la commission environnement et cadre de vie), Vivre mieux à Surville, Février 1979.
4 José Alvarez, Le changement à l’ordre du jour, in Ville de Montereau, Bulletin municipal, novembre 1981.
5 Pré dossier Opération Habitat et Vie Sociale – ZUP de Surville, Société ORGECO, novembre 1978, p.7.
6 Dossier Opération Habitat et Vie Sociale – ZUP de Surville, Société ORGECO, mars 1980, p.8.
7 Dossier Opération Habitat et Vie Sociale – ZUP de Surville, Société ORGECO, mars 1980, p.8.
8 Source : Pré dossier Opération Habitat et Vie Sociale – ZUP de Surville, Société ORGECO, novembre 1978.
9 Chiffres tirés du site internet de l’INSEE (www.insee.fr).
10 Denise Pumain et Thérèse Saint Julien, Atlas des villes de France, La Documentation française, collection Dynamiques du territoire, Paris, 1989, p. 137.
11 Dossier Opération Habitat et Vie Sociale – ZUP de Surville, Société ORGECO, mars 1980.
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