Les joies du Call Center (2) : le congélateur maudit
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e continue aujourd’hui la série estivale entamée hier…
Comment transformer les incessants appels des call centers en petits jeux tout à fait innocents, destinés à égayer un peu le triste boulot des employé(es) de ces sociétés qui essayent de vous fourguer tout et n’importe quoi, sans que vous n’ayez rien demandé du tout ?
Aujourd’hui, c’est une entreprise de surgelés à domicile qui s’y colle…
Un rappel : le nom de la société et celui de mon interlocutrice ont seuls été changés. Tout le reste s’est véritablement déroulé ainsi que je vais le retranscrire…
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Le congélateur maudit
- Allo ? Je suis bien chez M. Poey ?
- Oui, vous êtes bien chez moi.
- Enchantée, M. Poey, je me présente, je suis Kimberly, de la société Maxigel. M. Poey, est-ce qu’il vous arrive d’acheter et de consommer des produits surgelés ?
- Oui, ça m’arrive, Kimberly…
- M. Poey, est-ce que vous disposez d’un congélateur ?
Soupçonnant le but de l’appel de Kimberly, je décide d’adopter un ton tout triste, avec des reniflements et des sanglots dans la voix…
- Ah là là !… Ooooooh oui, j’ai un congélateur !…
- M. Poey, la société Maxigel se propose de vous livrer à domicile vos prochains produits surgelés, que vous aurez préalablement choisis dans notre catalogue. Est-ce que cela vous intéresserait ?
- Ah ! Non, ma pauvre Kimberly, ça ne m’intéresse pas du tout…
- Et pourquoi, M. Poey ? Nos prix sont tout à fait raisonnables !
- Kimberly, si vous saviez… Avec ma pauvre femme, on n’ose plus ouvrir notre congélateur…
- Comment ça, vous n’osez plus ouvrir votre congélateur ? C’est la première fois que j’entends ça !
- C’est possible, mais nous, on ne l’ouvre plus, notre congélateur, sniffffffffffff, ça nous rappelle de trop mauvais souvenirs…
- Je comprends, M. Poey, c’est à cause de la crise économique, vous n’avez plus les moyens de remplir votre congélateur ? Nos prix sont très attractifs, vous savez…
- Je n’en doute pas, Kimberly. Mais avec ma femme, on n’arrivait vraiment plus à joindre les deux bouts, alors on a sacrifié notre dernier.
- C’est à dire ? Le dernier ? Quel dernier ?
- Ben, le dernier. Avec ma femme, on a sacrifié le dernier. Autrefois, quand on ne pouvait plus nourrir ses enfants, on les abandonnait dans les bois. Nous on a fait ça avec le progrès. Ah là là….
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Kimberly ne sait plus quoi dire….
- Allô ? Kimberly ? Ouvrir notre congélateur en sachant qu’on va revoir forcément notre dernier… On n’ose plus…
- Vous plaisantez, bien sûr, M. Poey ?
- Oh ! Je n’ai pas le coeur à rire, Kimberly… Je pense que vous me comprendrez… Vous voulez d’autres détails, comment on a pu le rentrer dans le Sumsang ?
- Non non non, M. Poey, Je vais vous laisser ! Merci de m’avoir écoutée, je vous souhaite une bonne journée…
- Oh non, comme toutes les autres, elle ne sera pas bonne, Kimberly… Forcément, avec le dernier dans le congélateur… Au revoir !
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Je précise pour les enquêteurs locaux ou les fonctionnaires des Renseignements Généraux qui liraient Flamberge que mon congélateur est évidemment à leur disposition…
A demain, avec un nouvel appel téléphonique !
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