Les joies du Call Center (3) : l’alarme sicilienne
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Vous le savez, cette semaine, je vous propose une petite série de papiers estivaux destinés à vous rapporter mes relations avec les employés des Call center, que je plains de tout coeur en raison de leur boulot ingrat de chez ingrat.
C’est pourquoi, j’essaye de changer un peu leur quotidien en me lançant dans des dialogues parfois un peu étranges.
Le but de l’opération : leur faire passer un peu le temps, et nous amuser un peu, en cette triste vallée de larmes…
Cette fois-ci, ce fut une voix mâle qui m’attendait à l’autre bout de mon combiné.
Un rappel : même si les noms des commerciaux et des sociétés ont été modifiés, tout ce qui va suivre constitue la version aboutie et entièrement réelle de mon canular…
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L’alarme sicilienne
- Allô, M. Poey ?
- En personne !
- M. Poey, je suis Jean-Claude, de la société Dormétrankil, leader en matière d’alarme et de protection des propriétés privées. M. Poey, vous êtes bien propriétaire de votre habitation ?
- Absolument, Jean-Claude.
- M. Poey, vous n’êtes pas sans ignorer que l’insécurité est de plus en plus présente dans votre département et que les vols et les cambriolages se multiplient. La société Dormétrankil, leader en matière de protection des propriétés privées est en train de prospecter dans votre région afin de proposer aux propriétaires d’étudier des solutions vraiment efficaces pour protégér leur habitation. M. Poey, est-ce que vous vous sentez bien protégé ?
Ayant compris où Jean-Claude voulait m’emmener, je décidai de prendre un accent qu’on peut trouver dans les doublages français du Parrain, des Infiltrés ou encore de Mafia Blues.
- Ah, mon petit Jean-Claude, oui, chez nous, dans la Famille, on est bien protégé…
- Mais M. Poey, vous n’avez peut-être pas les dernières technologies que pourrait vous proposer la société Dormétrankil. Elle est comment, votre installation ?
- Mon installation, mon petit Jean-Claude, elle vient de Sicile, des environs de Palerme. Tu vois où c’est, ça, mon petit Jean-Claude ?
- Ah bon ? Et c’est quoi comme installation ?
- C’est une installation Paolo et Luca, mon petit Jean-Claude, la rolls des alarmes siciliennes, qu’on a dans la famille depuis plusieurs siècles. C’est le Smith et Wesson sicilien, si tu préfères, Jean-Claude. Un modèle du genre. Un critère de choix.Une référence.
- Et ça fonctionne comment ?
- Ca fonctionne avec deux siciliens, Paolo et Luca, qui sont expatriés chez moi en ce moment pour quelques ennuis au pays. Ils sont tous les deux munis de Beretta à canon scié, achetés sur la zone industrielle de Besançon…
- Vos plaisantez, je suis sûr, M. Poey ?
- Paolo, Luca, venez dire à M. Jean-claude si on plaisante, dans la Famille. Dans la Famille, on ne plaisante jamais. On n’est pas très pour la plaisanterie ! Paolo et Luca, ils sont à mon service, c’est mon alarme à moi, ma garantie, ma sécurité.
- Mais quand même, chez Dormétrankil….
- Jean-Claude n’insistez pas, je sens que la colère tranquille pourrait gagner.
- Mais c’est légal, ça ?
- Tout de suite, les gros mots, légal, légal…. Dis-moi, Jean-Claude, toi, t’aurais pas besoin de protection, toi aussi, une protection comment dire… sicilienne, la protection.
- Pourquoi vous dites ça, M. Poey ?
- Parce que Paolo et Luca, ils vont venir aussi te protéger. Ne refuse pas, ce serait déplacé. On n’est pas très chers dans notre famille, et chaque début de mois, ils viendront te voir.
- Mais non, non, M. Poey, moi j’ai ce qu’il faut !
- Jean-Claude, la protection de Paolo et Luca, ça ne se refuse pas. Ne désoblige pas notre Famille. Et en espèces, hein, au début de chaque mois. Allez, donne-moi ton adresse !
- Au revoir, M. Poey, bonne journée !
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