Montereau, morne plaine ?
ès demain et ce pendant trois jours, pour la municipalité monterelaise, il ne sera plus question que de Napoléon et de la bataille de Montereau.
Oubliés les vrais problèmes, disparues les vraies questions, envolée la réalité quotidienne… Le trompe-l’oeil va atteindre son paroxysme !
A Montereau, ce 18 février 1814, de nombreux soldats, (on estime à environ 8500 le nombre de soldats tués) et de nombreux civils sont morts.
Que l’on dépose une gerbe à leur mémoire, pourquoi pas.
Mais comment ne pas s’interroger devant cette fastueuse célébration impériale, basée sur le culte et l’image d’un des hommes les plus controversés de l’histoire de France, et qu’on pourrait à beaucoup d’égards comparer à bien des dictateurs.
Sait-on vraiment qu’après Waterloo, le territoire français était plus petit qu’avant la révolution, se souvient-on que la France était ruinée, sait-on que sa démographie était en chute libre ?
Notre Député-maire-UMP-PR-346-1, ex-Secrétaire d’Etat à l’Outre Mer va porter au pinacle un homme qui a rétabli l’esclavage dans les possessions françaises d’alors, alors que cet esclavage avait été aboli par la Convention en 1794 !
Je vous remets d’ailleurs en mémoire la question d’Henri Auclair formulée en conseil municipal à cette occasion : « Monsieur le Maire, si vous étiez toujours Secrétaire d’Etat à l’Outre Mer, célébreriez-vous toujours un homme qui a rétabli l’esclavage en France ? »
Yves Jégo n’avait su que répondre, et s’était défaussé par l’un de ces sourires méprisants qu’il semble parfois affectionner…
Notre édilanous va encore une fois glorifier un Napoléon qui fut antisémite !
Voici une citation que ne manquait pas de reproduire un ouvrage proposé dans une librairie antisémite, à Paris et en 1900 :
« Je fais remarquer de nouveau qu’on ne se plaint pas des protestants ni des catholiques comme on se plaint des Juifs : c’est que le mal que font les Juifs ne vient pas des individus mais de la constitution même de ce peuple : ce sont des chenilles des sauterelles qui ravagent la France. (Napoléon, discours au conseil d’Etat) »
Et qu’on ne vienne pas me dire qu’à l’époque, c’était dans l’air du temps. Trop facile. A chaque époque, il y a eu des gens qui résistaient…
Je ne saurais trop vous recommander la lecture de l’excellent « L’Aigle et la Synagogue« de Pierre Birnbaum, chez Fayard.
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Mais ce n’est pas tout…
Voir qu’on puisse reconstituer des batailles, jouer à la gué-guerre, au petit soldat, quand on a plus de huit ans, moi, ça me sidère.
Comment vouloir recréer de véritables boucheries, comment pouvoir idéaliser les tueries, les charniers, etc, etc…
C’est dramatique, je le dis comme je le pense.
On pourra relire avec intérêt l’excellent « La Bataille » de Patrick RAMBAUD (celui-là même des « chroniques de Nicolas 1er »), chez Grasset. Un ouvrage qui a reçu en 1997 le prix Goncourt.
Rambaud y recrée à grand coups de tripes qui sortent du ventre des soldats, de bras arrachés, de jambes écrasées, de têtes qui roulent sur le sol, il y recrée les horreurs d’une bataille napoléonienne, en l’occurrence celle d’Essling où en 32 heures, 40 000 hommes perdirent la vie.
Je ne suis pas sûr que les adultes qui joueront aux petits soldats samedi et dimanche à Montereau aient connaissance de tout ceci…
Et puis surtout, il reste une question.
Encore et toujours la même question. Sempiternelle, lancinante, permanente et probablement une nouvelle fois sans réponse…
Combien vont coûter aux monterelais ces « fastes napoléoniens » ?
Saura-t’on jamais le montant total des dépenses générées à cette occasion, par les temps de crise qui courent ?
Connaître-t’on jamais combien chaque Monterelais devra dépenser pour permettre une nouvelle fois une démonstration de la capacité d’Yves Jégo à communiquer, surtout avant les élections ?
Avant de vous laisser vaquer à vos occupations habituelles, je dois vous faire une confession : oui, j’ai présenté les premières journées Napoléon à Montereau. Un mien ami me l’avait demandé, et j’avais trouvé à l’époque pas mauvaise l’idée de gagner un peu de sous (600 francs à l’époque) en étant habillé en maréchal d’empire.
Ma présentation de l’événement a fait qu’on ne m’a jamais demandé de recommencer une deuxième fois ma prestation…
Allez savoir pourquoi…
D’ailleurs à ce propos, je vous communiquerai demain un petit texte assez intéressant…
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il est vrais que beaucoup on défilé mais vous regretté que l’on ne vous est jamais demander a nouveau? et bien moi qui ne connais pas toute l’histoire de napoléon et qui était invité et qui l’ai encore je refuse de participer a toutes réunions présidé par votre maire. je ne comprend pas bien l’on critique et l’on va a ces gaudrioles, festival a 12 euros ou voir gratuit, pour d’autre tour de france, journée a 1 euros, repas des anciens ,il y a des gens qui ne son pas de montereau qui vienne ,tout cela se son des dépense de com. pour monsieur si c’est une assos. qui organise sans l’argent des contribuables d’accord mais aller écouter le marie de la dame au chats qui donne une conférence sur napo merci surtout que fut un temps il disais que cela était une mascarade qui coûtait cher au monterelais voyer lui aussi change!
C’était en 98…
Non, rien de rien, non je ne regrette rien, surtout pas d’avoir recommencé l’expérience…
Il faut envoyer ces gens faire la gué-guerre en Afghanistan, avec leur beaux uniformes tout dorés.
Ca les occupera, ils pourront enfin jouer aux petits soldats pour de vrai.
Si encore toutes ces gamineries ne coutaient rien à la collectivitée !
D’accord avec Lucius. Malheureusement cela coûte au contribuab le.
Comme par hasard ce sont les nouveaux amis qui sont choisis pour animer ces journées qui ne sont pas elles, à un euro pour le contribuable. Et oui, montereau de 6h06, les temps changent, ce qui était rose hier est devenu bleu…..
Il serait interessant de connaître le chiffre exact du prix qu’ont coûtées ces gamineries.
Souvenons nous cependant des civils, braves citoyens de Montereau qui ont perdu la vie dans cette bataille et qui n’y étaient pour rien.
Il y a lieu de distinguer deux volets dans ces journées napoléoniennes.
Le premier concerne le coût pour lequel les contribuables monterelais sont appelés à mettre la main à la poche.A la prochaine réunion du Conseil Municipal, le 29 mars, je demanderai à disposer des éléments comptables des dépenses engagées pour ces trois journées.
Le second volet, beaucoup plus important selon moi, porte sur la signification d’une telle commémoration. S’il ne s’agissait que d’une bataille, comme la France en a connu pendant toute son histoire, une simple piqure de rappel pour montrer par exemple la position stratégique de Montereau, passe encore, mais là, pour la septième fois depuis 1995, la majorité municipale remet le couvert.Vous aurez noté au passage qu’aucune commémoration ou quelconque fête de ce type n’avait vu le jour avant 1995, quelle que soit la couleur politique de l’équipe municipale!
Sur le fond, pourquoi ne pas être favorable à ces journées festives? Tout simplement parce qu’au c?ur de ce qui est proposé il y a Napoléon. Un personnage de légende dont l’historien Jacques Bainville n’hésitait pas à dire que « sauf pour la gloire et l’art, il eût probablement mieux valu qu’il n’eût pas existé ».
C’est un jugement sévère mais pleinement justifié au regard du bilan qui est le sien et que résume bien l’article de notre chroniqueur émérite. Au lendemain de Waterloo et de son départ pour Saint Hélène, entre l’Afrique et le Brésil, la France est ruinée, humiliée par une Europe à juste titre revancharde qui favorise le rétablissement de la monarchie et l’arrivée de Louis XVIII.Exit la révolution!
Mais aussi, et ce fût la raison de mon intervention au Conseil Municipal, il y eu par la loi du 20 mai 1802le maintien de l’esclavage dans les territoires annexés alors que celui-ci avait été aboli en 1793. Je conseille la lecture de l’excellent pamphlet de l’historien Claude Ribbe intitulé » le crime de Napoléon ». Enfin il convient de signaler sur ce thème de l’esclavage et du racisme antijuif, la discrétion de Jean Tulard,membre de l’Institut et référence incontournable de Napoléon.
Cette fois au moins nos élus ne pourront pas dire: nous ne savions pas.
Sur son site, M. Jégo écrit : « Les journées Napoléon sont organisées pour permettre à un large public (petits et grands) d?alimenter la légende impériale. »
Je m’en voudrais de ne pas apporter ma contribution à la légende napoléonienne, sous la forme d’une petite chronologie :
1789-1792, il supporte, puis trahit Pasquale Paoli. C’est la première d’une longue série de trahisons.
1792, il rejoint la faction la plus sanguinaire de la Révolution, les Montagnards. Il sera proche de Robespierre, l’organisateur de la Terreur.
1795, il massacre à la mitraille des manifestants royalistes lors du 13 vendémiaire.
1799, il massacre (à la baïonnette pour économiser la poudre ) les défenseurs de Jaffa qui s’étaient rendus sur parole. La ville est livrée aux viols, aux pillages, aux massacres.
1799, Bloqué devant Acre par la peste, Bonaparte fait empoisonner ses propres soldats malades pour hâter sa retraite.
1799 Il abandonne ses troupes à leur sort et entre en France prendre le pouvoir par un coup d’État militaire.
1801, Il revient sur la séparation de l’Église et de l’État, refaisant de l’Église Catholique la religion officielle.
1802, Bonaparte rétablit l’esclavage dans les colonies. C’est le début de la sanglante guerre de Saint-Domingue (Haïti), qui aboutit à une défaite de la France. Guerre épouvantable, ou on massacre femmes et enfants du fait de la couleur de leur peau.
1802, la révolte de la Guadeloupe est également matée dans le sang.
1802, Bonaparte instaure la légion d’honneur, car « c’est avec des hochets que l’on mène les hommes. » Cela marche encore aujourd’hui.
1803, Bonaparte vend aux États-Unis pour une bouchée de pain plus de 2 millions de km² en Amérique du Nord.
1804, le code civil entérine la supériorité de l’homme sur la femme, du mari sur son épouse, du patron sur l’ouvrier. Le livret ouvrier, véritable instrument de flicage du peuple, est instauré.
1804, enlèvement en Bade et assassinat en France du duc d’Enghien, au mépris de la souveraineté d’un État voisin, et de la justice.
1808, le « décret infâme » revient sur l’émancipation totale accordée aux Juifs par la révolution.
1805-1814 : Napoléon partage l’Europe entre les membres de sa mafia familiale. « Pourvu que ça dure », comme dit sa mère.
1807-1814 : les troupes françaises mènent en Espagne et au Portugal une guerre impitoyable, en particulier contre les civils, guerre immortalisée par Goya.
1812, la campagne de Russie annihile la « grande armée ». Partie à 500 000, ses troupes reviennent à 50 000.
1813, Leipzig, la plus grande boucherie napoléonienne, fait 90 000 victimes.
1814, Abdication à Fontainebleau, les alliés sont assez gentils pour envoyer Napoléon s’occuper à Elbe.
1815, Les cent jours, Waterloo, Sainte-Hélène
1821, Mort. Ouf.
Bilan : entre 3,5 et 6,5 millions de morts civiles et militaires selon les estimations pour toute l’Europe, dont près de 800,000 Français.
1840, les Britanniques nous rendent le cadavre. C’est le début de la légende napoléonienne, qui va faire beaucoup de victimes, depuis les aliénés mentaux jusqu’aux hommes politiques.
1940, Hitler, fervent admirateur de la légende napoléonienne, rend visite à Napoléon.
1940, l’Allemagne hitlérienne rend les cendres de l’Aiglon, alimentant la légende napoléonienne du régime de Vichy.
1995-2010 : la ville de Montereau célèbre régulièrement le tyran.
Billoute, ne dit pas ça sur les jeunes qui sont en Afganistan, dans peu de temps mon bébé (qui fait partie d’un régiment qui c’est battu au coté de Napoléon à la bataille de Montereau) sera la-bas. C’est très facile de parler de la guerre c’est bien plus difficile quand tu es la maman d’un soldat.
Pour en revenir à Napoléon, je ne ferais qu’un seule remarque ma Maman, britannique, était une fan de Napoléon, j’ai du mal à ne pas apprécier Napoléon.
Pour les journées Napoléon, ça part du bonne idée, meilleure que le tour de France mais combien ça coute ? car les bonnes idées ont un prix et on voudrait le connaitre.