Ah ! C’était l’bon temps, mon pôv’ Monsieur…
Vous je ne sais pas, mais moi, si.
Ayant récemment décidé de m’accorder quelques jours de villégiature, je décidai d’aller passer quelques jours de vacances bien méritées en Bretagne, dans les Côtes d’Armor en général, et dans le pittoresque village de Saint-Jean-Kerdaniel en particulier.
Pourquoi Saint-Jean-Kerdaniel, vous entends-je vous questionner ?
Et pourquoi pas, vous répondrai-je aussitôt ?
Ah ! Oui alors ! Mais qu’il est pittoresque, ce petit village de Saint-Jean-Kerdaniel, avec son église en granit, sa boulangerie en granit, ses quarante-deux bars en granit, sa mairie en granit, son cimetière avec ses pierres tombales en granit…
Vous l’aurez compris, à Saint-Jean-Kerdaniel, les amateurs de granit se régalent…
Une fois ma valise défaite dans la chambre que j’avais réservée à l’hôtel Ker-Sofitel (en quelle pierre, l’hôtel, je vous le demande un peu ?), une envie me prit d’aller me promener, à la rencontre de l’autochtone.
Et justement, à une encablure de l’hôtel, trois vieux Kerdanielais regardaient passer le temps en chiquant. De temps en temps, ils crachaient au sol un jus bien noir.
Dame ! C’est qu’il s’agissait d’authentiques Kerdanielais, comme seuls peuvent être authentiques les Kerdanielais lorsqu’ils ont vraiment décidé d’être authentiques, le visage buriné par les embruns, les marées et le chouchen. (Bon, Saint-Jean-Kerdaniel n’est pas précisément au bord de la mer, mais c’est pour vous donner une petite idée du visage traditionnel kerdanielais…)
Mais où veut-il en venir, avec ses Kerdanielais au visage buriné, vous entends-je maugréer dans vos barbes ?
Un peu de patience, que diable !
Je décidai de les amadouer en entamant immédiatement la conversation.
« Oh là, bonjour, fiers Kerdanielais, vous habitez un bien beau village tout en granit !
- Oh mais ça n’est rien étranger, au début du 19ème siècle, c’était encore bien mieux qu’aujourd’hui. Hein, Le Trividic ?
- T’as raison, Le Guivarch’, au début du 19ème siècle, c’était le bon temps. Hein, Le Jaouen ?
- Ah oui alors, les conseils municipaux duraient très peu de temps, le maire s’était acheté une carriole intérieur cuir, pack premium… Hein, Le Guivarch’ ?
- Pour sûr Le Jaouen ! Bon, les commerces de Saint-Jean-Kerdaniel fermaient les uns après les autres, le tribunal lui aussi avait été fermé, mais faut avouer qu’on avait un festival de fest-noz le moins cher de Bretagne. Hein, Le Trividic ?
- Affirmatif, au début du 19ème siècle, on avait fait reconstruire des places pour toutes les charrettes et on avait abattu au moins cinquante beaux chênes, c’était déjà le progrès. Pas vrai Le Guivarch’ ?
- Ouaip… Et on brûlait à Saint-Jean-Kerdaniel tous les déchets de la région, les gens venaient brûler leurs saloperies, comme ça, c’est nous qui avions toute la fumée…
- Sans compter les 346 jours pour 346 corvées !
A ce moment-là, je ne pus m’empêcher d’avoir des frissons dans le dos.
Toute cette conversation m’avait rappelé certaines choses…
Mais quoi ?
Je décidai immédiatement de consulter l’encyclopédie Wikipédia en ligne, qui elle, n’est pas en granit, mais qui le mériterait bien !
La vérité m’apparut enfin. Voici qui était le maire de Saint-Jean-Kerdaniel, de 1800 à 1811, et je vous jure que je n’invente rien :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Jean-Kerdaniel
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C’est marqué dans le granit, je vous dis !
Allez ! Kénavo !
Que la suite des événements vous soit propice et nénamoins faste !
Votre dévoué HOU.
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Je voudrais remercier notre PFD, notre Poseur de Filets Dérivants qui m’a communiqué cette remarquable curiosité, une curiosité qui prouve peut-être que l’histoire est un éternel recommencement…
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