Carrefour à un tournant ?
Avec la campagne électorale, un événement important est passé relativement inaperçu la semaine dernière.
A Surville, vendredi dernier, des salariés de Carrefour distribuaient devant la porte le tract suivant, pour le compte du syndicat CFDT.
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On l’aura compris, les salariés CFDT sont très inquiets et scandalisés par le bilan désastreux selon eux de leur dernier PDG en date.
On peut les comprendre à la lecture de ce que je vous ai encadré afin de bien souligner leur colère.
Afin d’en savoir un peu plus, j’ai joint hier au téléphone Bruno Moutry, délégué syndical du groupe CFDT / Commerce, qui a siégé lors de l’Assemblée générale de lundi 18 juin dernier, l’assemblée évoquée dans ce tract.
Il a bien entendu confirmé toutes les inquiétudes contenues dans ce document, en mettant l’accent sur le danger qui risquait de menacer le groupe si les salariés n’étaient pas plus écoutés.
Il m’a également confié la déclaration qu’il a lue devant les représentants des actionnaires, les membres du Conseil d’Administration et du Président du groupe Carrefour.
La voici cette déclaration.
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Mmes et Mrs les actionnaires, Mmes et Mrs les membres du conseil d’administration, Monsieur le président,
Les salariés de Carrefour sont aussi des actionnaires et des clients ; ils souhaitent exprimer à l’occasion de cette assemblée, au moment où Monsieur Plassat prend de nouvelles fonctions, leurs inquiétudes face à l’avenir que vous leur réservez.
Ces dernières années les salariés et l’entreprise, qui est aussi leur outil de travail ont fait les frais des erreurs de stratégies du conseil d’administration.
Celles-ci se sont traduites par des pertes d’emplois en France (10 000 en trois ans), une modération salariale, des réorganisations incessantes, inefficaces et coûteuses engendrant une perte de confiance et de motivation.
La scission de DIA opérée contre la volonté des employés, devait permettre de mieux rebondir. Elle nous a au contraire, amputé de notre branche Hard-Discount au mépris de toute logique commerciale et organisationnelle.
La mise en place de Carrefour Planet devait réinventer l’Hypermarché, elle aboutit au contraire à l’abandon du concept après de lourds investissements…
Le concept du Drive décolle enfin après des années de retard que nos concurrents ont su exploiter en nous prenant des parts de marchés…
La politique des prix, les ruptures de stocks, l’attente aux caisses, la dégradation du service aux clients … la liste des erreurs commises est longue ! Elles sont le fait d’une recherche de rentabilité à court terme et de décisions contradictoires.
Le résultat est là : il est aujourd’hui demandé aux actionnaires une contribution exceptionnelle par la division par 2 du dividende ; et les salariés de l’entreprise sont eux aussi pénalisés avec la baisse de leur participation, de leur épargne salariale et de leur intéressement.
Employés, cadres, représentants des salariés, experts n’ont eu de cesse de dénoncer ces égarements et l’absence de vraie politique commerciale, malheureusement nous n’avons jamais été entendu ! Et malheur à celui qui aurait fait preuves d’innovations.
L’entreprise est dans une situation critique. Nous ne pourrons en sortir qu’en écoutant ceux qui sont sur le terrain, les sans-grades qui vivent chaque jour au coté des clients. Ils sont à même de juger sur la surface de vente du bien fondé des décisions commerciales de l’entreprise, mais faisons nous encore du commerce !
Serez vous demain plus à l’écoute de chacun ? Mr Bernard Arnault, actionnaire principal mais absent de l’entreprise vous autorisera t-il enfin à faire du commerce au lieu de faire de la finance ?
Nous devons retrouver les valeurs qui ont fait Carrefour. Les fondateur Messieurs Fournier, Defforey, Halley ont créé une entreprise leader sur le marché en se fondant sur des principes simples de moral et de commerce, tout en étant innovant et performant.
Aujourd’hui, il nous est demandé de voter une résolution portant sur la rémunération du nouveau président directeur général. Cette rémunération sera-t-elle étroitement liée aux résultats, où comme Monsieur Lars Olofsson le nouveau PDG partira-t-il avec le pactole d’ici deux ans après avoir mis l’entreprise à terre ou procédé à sa vente à la découpe.
En ces temps de vaches maigres, il serait normal qu’au plus haut niveau de l’entreprise, l’exemple soit donné afin de rendre crédible les propositions à venir pour redresser l’entreprise.
Quoiqu’il en soit, M. PLASSAT, vous ne pourrez pas redresser Carrefour sans toutes les forces vives de l’entreprise, et encore moins contre elles. Nous vous demandons, au delà des déclarations d’intention, d’accorder au terme de « partenaires sociaux » la plus grande importance. Nous ferons des propositions dans ce sens. Ceci pour le bien de l’entreprise, de ses salariés et de ses actionnaires.
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Nous, à Montereau-Surville, l’hypermarché est bien entendu confronté à un autre problème, un souci supplémentaire : la concurrence du Leclerc-Bréau.
Selon mes sources internes au magasin, des licenciements de personnel auraient déjà eu lieu, en raison de la baisse du chiffre d’affaires en ville haute.
Je ne voudrais affoler personne, mais il ne faudrait vraiment pas que Carrefour-Surville vienne à fermer.
Pour les Survillois ce serait une véritable catastrophe.
Déjà qu’on n’y trouve pas les ouvrages de notre Député-Maire-ex-ARES-PR-plus-UMP-UDI-Avocat-346-544 !
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