Ne ZUS que si l’on s’en sert…
L’époque est aux mauvais résultats.
Je voudrais revenir aujourd’hui sur le rapport que l’ONZUS, l’Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles vient de publier en fin de semaine dernière, le vendredi 16 novembre pour être très précis.
Vous le savez, Montereau fait partie des Zones Urbaines Sensibles les plus défavorisées.
Notre chef-lieu de canton est en effet la ville la plus pauvre de Seine-et-Marne en terme de revenus fiscaux.
Je vous ai donc compilé les principaux enseignements de ce rapport, et je vais les remettre en perspective avec la situation monterelaise.
Pour les impatients qui voudraient passer directement à la lecture des 290 pages de ce document, c’est ici :
http://www.ville.gouv.fr/?rapport-de-l-onzus-2012-les
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1) Dans les ZUS, le taux de pauvreté est trois fois plus élevé que dans les communes non-situées en ZUS.
Vous avez bien lu : un taux de pauvreté trois fois plus élevé !
Avec un indicateur très alarmant : près de la moitié des jeunes de moins de 18 ans vivant en ZUS est sous le seuil de pauvreté :
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2) Dans les Zones Urbaines Sensibles, le chômage augmente et l’emploi recule !
Sur la courbe présentée, je me suis permis de rajouter une petite courbe concernant Montereau-Fault-Yonne.
Je me suis basé sur les données récemment publiées par l’INSEE pour nous situer sur la courbe générale des ZUS. Mais jugez plutôt :
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3) Les Zones Franches Urbaines les plus anciennes, comme c’est notre cas, accusent un très net ralentissement en matière de créations d’emploi.
On se rappelle que notre Député-Maire-ex-ARES-PR-plus-UMP-UDI-Avocat-346-544 voyait en ces Zones Franches Urbaines une espèce de panacée.
IL avait même co-fondé et présidé l’association « Entreprendre Villes et quartiers », vouée à la promotion de ces zones franches urbaines.
Le taux de chômage ne cesse de croître, à Montereau !
Le passage ci-dessous du rapport montre que les ZFU montrent leurs limites, ainsi que le statut d’auto-entrepreneur…
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4) En matière de scolarité, là aussi, et on comprend évidemment pourquoi, les élèves issus des ZUS connaissent de nombreuses difficultés.
64,6 % des élèves en école élémentaire de ZUS font partie des populations défavorisées !
Dans le secondaire technique professionnel, 70,9 % des lycéens de ZUS font partie des populations défavorisées.
Ce sont deux indicateurs très importants, notamment en matière d’orientation.
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5) En matière de santé, là aussi, (nous avons commencé à en parlé hier), la situation est alarmante.
Le graphique ci-dessous le montre implacablement, on est en moins bonne santé en ZUS qu’ailleurs.
Je vous renvoie au papier d’hier : à Montereau, nous n’avons toujours pas abordé ce problème. Nous n’avons toujours pas de Maison de Santé rassemblant les professionnels qui font défaut, notamment en matière d’écoute psychologique et de psychiatrie.
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6) En matière de sécurité, on se sent en moyenne moins en sécurité dans les Zones Urbaines Sensibles qu’ailleurs, comme le démontre ce graphique :
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Et bien entendu, les atteintes aux biens sont moins nombreuses en ZUS qu’ailleurs : on comprendra que les « richesses » n’étant pas en ZUS, on vole moins dans ces quartiers. On vole ailleurs.
Le taux d’atteintes aux personnes est hélas équivalent…
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7) En matière de discrimination, on s’en sent beaucoup plus victime lorsque l’on réside en Zone Urbaine Sensible, notamment si l’on est descendant d’immigré.
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8) J’ai voulu vous donner également quelques éléments sociologiques concernant la situation des femmes.
Quand on est une femme en ZUS, on ne vit pas de la même façon qu’ailleurs :
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Même chose pour les femmes âgées de plus de 60 ans :
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Alors évidemment, des crédits spécifiques sont affectés à ces zones en difficulté.
C’est ce qu’on appelle la fameuse Dotation de Solidarité Urbaine, la DSU.
Jugez plutôt :
Beaucoup d’argent est injecté, comme vous pouvez le voir.
En terme de progression sur la période 2004-2012, le montant de la DSU attribuée aux communes comportant des ZUS et/ou de ZFU a connu une progression de 130,6 % !
Alors bien évidemment, une question vient immédiatement à l’esprit.
Ces crédits sensés rétablir une égalité sociale entre quartiers défavorisés et ceux qui ne le sont pas, ces crédits sont-ils bien utilisés ?
Je vous ai pris hier l’exemple de Montereau en matière de santé.
Il va de soi que tous les autres domaines sociologiques sont concernés.
Oui, les crédits DSU sont-ils bien utilisés ?
Je vous remets en mémoire cet exemple très local :
A Montereau, la ville la plus pauvre de Seine-et-Marne en terme de revenus fiscaux, je vous le rappelle, nous n’avons toujours pas de Maison de santé, le taux de chômage s’établit aux alentours de 27%.
Mais nous avons un stand de tir à 3 millions d’euros, un aquario-club, une piste d’athlétisme synthétique, bientôt un stade en pelouse synthétique elle aussi, un festival déficitaire de 600.000 euros chaque année, mais pas de maison de santé !
A-t-on suffisamment d’évaluation concernant l’utilisation de ces grosses subventions ?
Sait-on exactement en haut-lieu comment sont elles employées, ces subventions ?
L’organisme qui évalue tout ceci est-il suffisamment indépendant ? (On sait qu’en France, ceux qui évaluent font souvent partie des mêmes administrations que les évalués…)
Et puis une question qui fâche : les crédits DSU ne serviraient-ils pas avant tout à acheter une certaine paix sociale, entre deux « crises des banlieues » ?
Combien de temps pourrons-nous tenir encore ?
Ces questions se posent plus que jamais.
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