15 minutes et 19 secondes
Petit message personnel :
Joseph, pourriez-vous me contacter par mail ? (A propos de votre commentaire…)
Avec mes remerciements.
————————————————————————————–
es nappes vertes avaient été repassées, les étiquettes nominatives distribuées et sagement alignées, les micros avaient été branchés, même si très peu devaient servir…
En un mot comme en cent, la salle des mariages de la Mairie de Montereau était prête à voir se dérouler lundi soir dernier le conseil municipal.
Un conseil municipal qui démarra avec un peu de retard. On attendit notre Secrétaire-d’Etat-A-l’Outre-Mer-Maire-346-1 pendant une bonne dizaine de minutes.
Celui-ci arriva, et assurément pour rattraper le temps qui passait, s’assit et commença directement par l’appel des élus, sans un seul mot de bienvenue, ou même un simple et élémentaire salut à l’assemblée réunie ou au public venu ce soir-là.
On voit par là que la politesse, cette première des grandes vertus, selon le philosophe André Comte-Sponville, la politesse n’est plus ce qu’elle était, ma bonne dame.
Il fallut donc mettre les bouchées doubles, puisqu’en pratiquement 11 minutes, les 24 points de l’ordre du jour furent jégoïstement expédiés. Déjà qu’en bouchées simples, ça va très vite, imaginez un peu avec des bouchées doubles.
On n’eut donc guère le temps de s’ennuyer, et les sujets se succédèrent les uns après les autres, sans grand intérêt…
On vit tout de même Yves Jégo avoir un accès d’énervement à l’encontre de son adjoint M. Vallée, qui avait allumé le micro posé devant lui. Notre SEAOMMUMP-346-1, apparemment bien ennuyé lui fit les gros yeux, le montra rageusement du doigt et finit par lui faire comprendre qu’il fallait à tout prix éteindre l’appareil. M. Vallée comprit, et M. Jégo lui adressa un large sourire béat en remerciement.
M. Vallée apprécia t-il ce beau sourire ? Mon histoire ne vous le dira pas.
Et l’on se dirigea finalement vers les questions diverses !
Bien entendu, les membres de la majorité municipale n’avaient aucune question, même diverse, à poser.
Ce fut Pascale Barillot, Conseillère municipale d’opposition, qui donna à ce rapide conseil (à Montereau, c’est un pléonasme) toute sa saveur et tout son piment.
Pascal Barillot eut l’outrecuidance de poser une première question qui eut le malheur de fâcher une première fois Yves Jégo.
« Monsieur le Maire, pourrais-je connaître le budget prévisionnel du festival de musique de Montereau ? »
Vous conviendrez que c’est une vraie question, simple et précise à la fois, une question qui appelle finalement en réponse une seule donnée chiffrée, aisément communicable d’autant que nombre de cadres territoriaux étaient présents, aptes à fournir un aperçu de ce budget.
La réponse jégoïste fut à la fois brève et tout autre :
« Non ! »
Je vous la repasse, pour bien en appréhender la teneur :
« Non ! »
Stupeur de Pascale, qui, imédiatement, fit part de son étonnement.
Notre SEAOMMUMP-346-1 devait finalement donner comme seule explication la réponse suivante :
« C’est exactement le même budget que l’an passé, vous n’avez qu’à vous reporter au compte-rendu du conseil municipal correspondant. »
Et toc !
Moi, j’ai du mal à imaginer qu’un budget de cette importance soit parfaitement reconduit à l’identique une année sur l’autre, ne serait-ce tout simplement parce que les artistes qui se produisent ne sont pas les mêmes…
Bien évidemment, il sera facile de vérifier l’information, et de voir quelle crédibilité accorder à cette assertion jégoïste.
Pascale Barillot ne devait pas en rester là.
Elle devait poser une deuxième question qui va vous rappeler probablement quelque chose.
« Monsieur le Maire, comment passe-t-on en deux mois, de janvier à mars 2009, à des prévisions d’investissement de 11 millions (lors du débat d’orientation budgétaire) à 22 millions d’euros, (lors de la séance du vote du budget) ?
Nouvelle fureur !
Mais Madame, répondit notre édilanous, vous avez voté ce budget, lors du dernier conseil municipal, (Pascale s’était abstenue, ndlr…), on ne va pas revenir sans arrêt sur ce budget, vous n’aviez qu’à poser la question alors.
Pascale pensa à juste titre qu’il n’était jamais trop tard pour comprendre ce genre de multiplication des recettes en investissement. Elle insista et reposa la question, un peu comme ces élèves qui n’hésitent pas à demander à juste titre une explication supplémentaire.
Yves Jégo, en colère, finit par lâcher qu’un débat d’orientation budgétaire n’est destiné qu’à établir des prévisions, et que de toute façon, Mme Barillot allait recevoir un courrier de sa main lui donnant une réponse à sa question.
Et re-toc ! Ce fut tout !
On verra en tout cas par là deux choses évidentes :
1) Au conseil municipal de Montereau, on se demande à quoi servent les questions diverses puisqu’il n’y est pas possible d’y avoir des réponses, même diverses elles aussi…
C’est à mon sens un indice supplémentaire révélateur d’une certaine conception de la démocratie locale.
2) Notre Secrétaire-d’Etat-A-l’Outre-Mer-Maire-UMP-346-1, en se défaussant sur ces deux questions, a donné le moyen de faire vérifier ses dires.
Car il sera évidemment vérifié si le budget du festival de Montereau est identique à celui de l’an passé. Je pense même retranscrire cette vérification dans ces colonnes…
De plus, la lettre d’explication qu’il ne va pas manquer d’adresser à sa conseillère municipale d’opposition ne manquera pas d’être épluchée. Même retranscription ici même…
On se sépara car un comité secret à huis clos devait suivre.
De ces 15 minutes et 19 secondes, resterait une seule image : celle de Pascale Barillot croisant le fer avec Yves Jégo et le mettant en difficulté.
Ce fut un beau moment. Rapide, mais beau !
———————————————————————————————-